Samedi, on bulle ! Avril 2019
Séance spéciale Thé manga du samedi 13 avril 2019
BD présentées à la médiathèque André Malraux dans le cadre de Samedi, on bulle !
A l'occasion de la 9e édition de Mang@Juvisy, nous vous présentons une sélection autour de l'écologie, thème retenu pour le festival de cette année.
Tokyo Mew Mew
Mia IKUMI & Reiko YOSHIDA
Pika, 2011
Des extraterrestres veulent envahir la terre en transformant les animaux en créatures nuisibles à l’environnement. Pour les empêcher de détruire totalement leur planète, deux adolescents tentent de créer un vaccin à partir de gènes d'animaux en voie de disparition. Alors qu’ils mènent une expérimentation sur des gènes dans un zoo, ces derniers s'échappent et s’infiltrent dans les corps de cinq jeunes filles présentes. Ces dernières se retrouvent alors chacune avec les attributs d’un animal en voie de disparition : le chat d’Iriomote, le lori bleu de Tahiti, le marsouin aptère, le tamarin-lion à tête dorée et le loup gris. Et ce n’est pas tout : nos futures Mew Mew vont vite se rendre compte qu’elles ont hérité de pouvoirs surnaturels, pouvoirs qui leur seront très utiles face à la menace extraterrestre !
Un magical girl sympathique qui ravira les amateurs du genre. Idéal pour faire découvrir l’univers du fantastique aux plus jeunes.
Jeune public. Série terminée en 7 tomes.
Kaikisen
Satoshi KON
Sakka, 2004
Dans la petite ville côtière d'Amidé, Yôsuké est le fils du prêtre shintô et donc gardien du sanctuaire dédié à la mer où est précieusement conservé l'œuf de l'ondine, symbole selon la légende d'un pacte entre leurs ancêtres et la mer. Mais pour relancer l’économie de la ville, un projet touristique d’envergure est lancé, soutenu par le père de Yôsuké qui a été convaincu par Ozaki, un entrepreneur aux dents longues.
Les hôtels qui poussent comme des champignons, les plages bétonnées, les petits commerces qui ferment, les travaux commencés sans attendre la fin de la consultation citoyenne... On retrouve tous les éléments actuels dans ce manga de 1990. En un tome unique, Satoshi Kon (réalisateur de Perfect Blue, Tokyo Godfathers...) décrit l’éternelle lutte entre l'argent et la tradition, mais aussi entre trois générations : le grand-père attaché à la coutume, le père qui n'y a jamais cru, et le fils qui doit trouver sa place entre les deux.
Public ado/adulte. Tome unique.
La forêt millénaire
Jirô TANIGUCHI
Rue de Sèvres, 2017
Wataru, un enfant de dix ans (et cinq mois), doit quitter Tokyo pour vivre à la campagne chez ses grands-parents suite à l’hospitalisation de sa mère. C’est loin d’être facile pour le jeune « tokyoïte » de s’adapter à sa nouvelle vie et de se faire accepter par ses camarades de classe. Heureusement, Wataru semble avoir le don de communiquer avec la nature et celle-ci compte bien l’aider…
Dernière œuvre de Taniguchi avant sa mort, cette bande dessinée est résolument écolo sans pour autant être militante et cela fait du bien ! Ici, l’auteur tente de créer un ouvrage à mi-chemin entre manga et bande dessinée franco-belge. Nous avons ainsi ici une bande dessinée hybride aux illustrations magnifiques, à la hauteur du trait fin et réaliste de Taniguchi. Même si nous ne pourrons jamais en lire la suite, il est agréable de lire cet album qui fait honneur à la beauté de la nature. Enfin, le petit dossier documentaire qui conclut l’ouvrage est passionnant et compense cette absence de fin qui pourrait en frustrer certains.
Tout public. Série inachevée.
Un printemps à Tchernobyl
Emmanuel LEPAGE
Futuropolis, 2012
En 2008, Emmanuel Lepage accepte de participer à un projet particulier : partir pendant 15 jours en Ukraine pour faire un reportage dessiné sur la zone contaminée.
Tout le début de la BD pose très efficacement cette atmosphère lourde, cette chape de plomb qui tombe dès qu’on évoque Tchernobyl, avec des lavis d’encre très sombres. Puis peu à peu, le noir et blanc se teinte de couleurs chaudes lorsque les auteurs rencontrent les gens du village, avant d’exploser en rares et superbes fulgurances de couleurs lorsque les illustrations de la nature de la zone se révèlent. Malgré les moments de beauté qui prennent l’auteur et le lecteur par surprise, on n’oublie jamais le contexte : Emmanuel Lepage dessine accompagné du bruit du dosimètre qui mesure la teneur en radiations, et l’angoisse de cette menace invisible n’est jamais loin.
Une bande dessinée superbe et instructive sur la réalité de la vie autour de la zone.
Public adulte. Tome unique.
Nanja Monja
Shizuka ITO
Glénat, 2009
Taro vit seul depuis la mort de son grand-père adoptif. Ce dernier l’ayant trouvé bébé au pied d’un arbre, il représentait la seule famille que le jeune garçon ait connu. Cet arbre nommé le « Nanja Monja », fait la fierté des habitants de la petite île. Un soir, alors que Taro observe l’arbre, il aperçoit une fille qui essaie d’y grimper ! Un phénomène étrange se produit alors : la jeune fille tombe de l’arbre et disparaît soudainement, ne laissant derrière elle que ses vêtements… Elle aurait en fait rapetissé en une toute petite fille de la taille d’un insecte ! Quel mystère cache donc le Nanja Monja ?
Un joli récit écologique au ton bienveillant. Le traitement des personnages et les facilités de scénario donnent parfois l’impression d’une histoire classique et pourtant, l’auteure finit toujours par nous surprendre. Il est en effet très difficile de prévoir la résolution du mystère du Nanja Monja. La fin est d’ailleurs loin d’être celle que nous pouvions imaginer. Une agréable aventure en compagnie de personnages attachants et profondément humains.
Tout public. Série terminée en 6 tomes.
Moi, jardinier citadin
Min-Ho CHOI
Akata, 2014
À travers son propre vécu, Min-ho Choi, auteur de BD et illustrateur, nous présente un exemple d'agriculture urbaine : le jeune marié bedonnant découvre le jardinage biologique dans un petit potager près de chez lui, motivé par son souhait de manger des choses saines et la naissance prochaine de son enfant.
Il décrit avec humour ses expériences, ses échecs et les conseils des anciens, de son émerveillement attendrissant devant ses premières salades à la naissance du bébé. Au gré de ses aquarelles, on découvre des plantes, mais également une galerie de personnages variés qui ne jardinent pas pour les même raisons. Le narrateur, enthousiaste et rêveur, est très vite attachant.
Un manga en deux tomes un peu décousu mais charmant.
Tout public. Série en 2 tomes.
Silver Spoon
Hiromu ARAKAWA
Kurokawa, 2011
Yugo qui a passé toute sa scolarité en ville, vient poursuivre ses études dans un lycée agricole. Il espère ainsi y être tranquille et devenir le premier de la classe aisément, le niveau scolaire attendu étant assez bas. Toutefois, le jeune homme va vite comprendre qu’être bon dans toutes les matières ne suffit pas à être le meilleur et que le programme agricole est beaucoup plus dense que prévu… La vie à la campagne est loin d’être paisible !
Comme elle nous l’a déjà prouvé dans sa série emblématique Fullmetal Alchemist, Arakawa sait créer des personnages réalistes et attachants dans un contexte parfaitement maîtrisé. Ainsi, le point de vue des différents fermiers vient sans cesse remettre celui de Yugo en question, notamment sur le débat autour de la cause animale. L’auteure fidèle à elle-même reste objective, développant chacun des points de vue avec justesse. Les lecteurs non-initiés à l’univers agricole peuvent ainsi se retrouver dans les questionnements de Yugo. Enfin tout ne tourne pas autour du monde agricole bien sûr, nous sommes notamment curieux de découvrir pourquoi notre jeune protagoniste a tant tenu à être en internat pour fuir son chez soi... Que s’est-il passé avec sa famille ? En somme, Arakawa nous emmène dans une comédie dont le thème de l’agriculture qui pourrait ne pas être passionnant le devient grâce à un scénario toujours aussi bien ficelé. Décidément une auteure à suivre.
Tout public. Série en cours.
Ma vie dans les bois
Shin MORIMURA
Akata, 2017
Ma vie dans les bois est un manga autobiographique basé sur un tournant décisif dans la vie de l’auteur : en 2005, lassé et usé après 30 ans à travailler comme mangaka, il décide de laisser la société de consommation derrière lui et de partir vivre dans les bois en partant de rien. Nous suivons donc ce quinquagénaire bedonnant dans sa recherche d’un terrain, ses premières nuits sur place, la construction de sa maison en rondins…
De péripéties en trouvailles, le lecteur découvre en même temps que Shin de nombreux détails sur la faune et la flore de son nouveau milieu de vie, mais aussi son côté débrouillard et les méthodes et matériels utilisés pour rendre son habitat vivable.
Un manga très sympathique sur le retour à la nature.
Tout public. Série en cours.
Une vie au zoo
Saku YAMAURA
Nobi nobi !, 2013
Haruko est une jeune femme entrée depuis peu dans la vie active. Maladroite, elle a déjà été renvoyée à maintes reprises. Aimant les animaux, le zoo est donc une nouvelle chance pour elle de repartir à zéro. Cependant le nouveau directeur ne l’entend pas de cette oreille… Lui ne souhaite qu’une chose : faire des bénéfices. La maladresse de Haruko lui est de ce fait impardonnable. Il lui confie donc pour première mission une éléphante dépressive : Haruko a 3 mois pour la faire sortir de son enclos sinon c’est la porte. Heureusement pour elle, la jeune fille a un don très particulier : un odorat surdéveloppé qui lui permet de comprendre les émotions des animaux…
Ce manga séduit d’abord par son dessin réaliste et doux à la fois. Le scénario est assez classique mais entretient notre intérêt grâce à tous les détails sur les animaux et le métier de soigneur comme le brossage de dents d’un hippopotame ! Il est aussi intéressant de voir les points de vue des personnages s’affronter avec d’un côté les intérêts commerciaux contre de l’autre le bien-être des animaux. Cela nous donne différentes visions de ce qu’est un zoo. L’auteure est en effet bien documentée, ce qui rend la lecture d’autant plus attrayante. Une série mignonne qui se lit avec plaisir !
Tout public. Série terminée en 4 tomes.
The End
ZEP
Rue de Sèvres, 2017
« The End », c’est la chanson du premier album des Doors qu'écoute en boucle le professeur Frawley. Comme va l'apprendre Théodore, le nouveau stagiaire, le botaniste travaille sur la communication des arbres : ne pouvant fuir les menaces, les végétaux doivent en effet faire preuve d'une faculté d'adaptation extraordinaire et peuvent modifier leur composition chimique en fonction de signaux reçus des autres. Mais peu à peu, l'équipe relève d'étranges substances dans les végétaux. Y aurait-il un lien avec l'usine Pharmacorp toute proche ? ou un rapport avec la mort mystérieuse et simultanée de tous les habitants d'un petit village des Pyrénées ?
La BD avance vite tout en ménageant son suspens – dommage que dès le début, le professeur en explique suffisamment pour qu’on sente venir le twist du scénario. Côté dessin, Zep offre un travail très fin et soigné avec des cadrages soulignant parfaitement doutes, révélations et accélérations du récit.
Bien qu’un peu prévisible, The End est une bonne BD profondément écolo mais pas optimiste.
Public adulte. Tome unique.
Rendez-vous pour le prochain Samedi, on bulle ! le samedi 25 mai à partir de 16h !